Délégation Ille et Vilaine

La poliomyélite

Contamination  •La maladie  •Examens  •Prévention  •Dispositif français de surveillance  •Cause  •Épidémiologie  •Une stratégie de lutte payante  •Une maladie toujours présenteLire la suite 

Définition :

D’après le Larousse, le terme poliomyélite est un nom féminin. Il est formé de deux mots emprunté du grec que sont polios (gris, presque blanc) et muelos (moelle).  

La poliomyélite est également appelée maladie de Heine-Medin, paralysie spinale infantile ou simplement polio.

  • La poliomyélite, maladie infectieuse (virale) invalidante qui a disparu des pays industrialisés depuis plus de 20 ans, a causé des épidémies très importantes jusque dans les années 50 (apparition du vaccin obligatoire). Les épidémies touchaient d'abord les enfants (d'où le nom de " paralysie infantile ") et on compte donc encore de nombreux adultes d'âge mûr touchés (quelques enfants, nés en général en Afrique, peuvent aussi présenter des séquelles de polio).
  • Le virus de la polio, transmis de façon oro-fécale (mains sales, aliments), s'attaque à un endroit précis de la moelle épinière (" corne antérieure "), entraînant des paralysies sans troubles associés (ni troubles sensitifs, ni troubles urinaires ou génito-sexuels). Les paralysies, qui peuvent paraître modestes au regard d'autres handicaps, sont en fait très variables, de l'atteinte d'un seul membre à une paralysie générale (tétraplégie) avec atteinte des muscles respiratoires. Elles entraînent souvent des déformations importantes du squelette (en pleine croissance chez les enfants).
  • Les personnes victimes de la polio, aujourd'hui âgées pour la plupart de plus de 40 ans, sont souvent bien insérées socialement, au prix d'efforts importants, et elles ont fait partie d'une génération pour laquelle le " retour à la normale " et l'indépendance économique étaient l'objectif absolu. La création de l'APF en 1933 est l'œuvre de quatre jeunes " polios "...

On a craint une réactivation du virus dans l'organisme. On sait que d'autres personnes handicapées (paraplégiques par ex.) éprouvent les mêmes difficultés après une longue durée de vie avec leur handicap.

Aussi la notion de syndrome post-polio (SPP) doit-elle être réservée à une association de signes cliniques, en eux-mêmes non spécifiques, mais dont l'ensemble et l'inscription dans l'histoire de la maladie sont évocateurs, et dont l'hypothèse étiologique principale est un dysfonctionnement de l'unité motrice dû à un travail excessif ou à un vieillissement prématuré des unités motrices affectées par la polio.

Extrait du  dossier, réalisé par la Direction générale de la santé 2008 :

Poliomyélite antérieure aiguë (PAA)

Agent responsable

La poliomyélite est une maladie infectieuse due à un entérovirus, le poliovirus, dont il existe trois sérotypes différents (sérotypes 1, 2 et 3).
Après pénétration dans la muqueuse de l’oropharynx et de l’intestin grêle, le virus se multiplie dans les ganglions lymphatiques cervicaux ou mésentériques. Le poliovirus persiste dans les sécrétions oropharyngiennes une semaine et dans les selles 3 à 6 semaines après le début de l’infection. Le poliovirus (virus neurotrope) atteint dans environ 1 % des cas le système nerveux central où il envahit les cornes antérieures de la moelle épinière et détruit les corps cellulaires des motoneurones. Ce tropisme particulier est responsable des formes de paralysie flasque aigue (PFA).

Mode de contamination

La transmission du virus est exclusivement interhumaine. Elle s’effectue essentiellement :

  • par voie directe, essentiellement dans les pays à haut niveau d’hygiène, via les sécrétions oro-pharyngées d’une personne au début de l’infection (le virus persiste huit jours dans l’oropharynx) ou par voie féco-orale (le virus est excrété dans les selles pendant 3 à 6 semaines),

  • ou indirectement, principalement dans les pays ne disposant pas d’infrastructures sanitaires de qualité suffisante, par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par les selles d’une personne infectée (le virus, très stable dans le milieu extérieur, peut persister plusieurs semaines dans des conditions environnementales optimales).Les personnes infectées peuvent transmettre le virus tant que celui-ci persiste dans la gorge (une semaine) et dans les selles (3 à 6 semaines).

La maladie

L’incubation dure en moyenne de 7 à 14 jours (avec des extrêmes de 3 à 35 jours).
Dans environ 90 % des cas, l’infection est asymptomatique.
Dans 10% des cas, la maladie commence par des symptômes pseudo-grippaux (fièvre, céphalées, myalgies) pouvant s’accompagner de troubles digestifs (vomissements, diarrhée-constipation) et, dans 1 à 2% des cas, d’une méningite lymphocytaire. L’épisode est spontanément résolutif en une dizaine de jour.
Dans moins de 1% des cas, des paralysies flasques aigues (PFA) peuvent apparaître au 8ème jour dans un contexte fébrile. Elles prédominent aux membres inférieurs, sont asymétriques et d’extension ascendante, sans troubles de la sensibilité objective associés. La localisation ainsi que l’intensité des PFA dépendent de l’atteinte neuronale et sont responsables de handicaps de degré variable. Ces paralysies sont définitives. Le décès peut survenir en cas de paralysie des muscles respiratoires. Certains anciens malades développent, plusieurs décennies après la poliomyélite aiguë, un syndrome " post-polio " qui se caractérise par de nouveaux signes cliniques progressant lentement. Les causes exactes du développement de ce syndrome ne sont pas actuellement bien définies. Il pourrait être dû à la persistance du virus chez certains patients.
La poliomyélite fait partie des maladies à déclaration obligatoire en France (DO) : Tout cas cliniquement suspect de poliomyélite aigüe doit faire l’objet d’un signalement sans délai à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS).

Examens biologiques

  • Recherche de poliovirus dans les selles : prélèvement à effectuer le plus tôt possible, dans les 7 jours après le début des signes cliniques, suivi d’un second prélèvement à 24-48h d’intervalle.

  • Recherche d’entérovirus dans le liquide céphalorachidien (LCR) : la détection d’un entérovirus par Polymerase Chain Reaction (PCR) doit être complétée par une seconde PCR pour identifier un poliovirus.  

  • Recherche d’une séroconversion ou d’une augmentation significative d’anticorps neutralisant (x 4) : un second prélèvement doit être réalisé à 15 jours d’intervalle.
    Tout isolement de poliovirus (sauvage ou vaccinal) par un laboratoire de virologie doit faire l’objet d’un signalement sans délai à la DDASS et être adressé au Centre National de Référence (CNR) des entérovirus de Lyon pour identification/typage. Le résultat est confirmé par le centre européen OMS de la poliomyélite (Robert Koch Institut à Berlin).

Traitement

Il n’existe pas, à ce jour, de traitement curatif de la maladie. Les seuls traitements sont symptomatiques (rééducation motrice, réanimation en cas de détresse respiratoire,…). La vaccination anti poliomyélite est le seul moyen efficace de prévenir la maladie, associé aux mesures d’hygiène (lutte contre le péril fécal) dans les zones d’endémie.

Prévention - Vaccination contre la poliomyélite

Il existe deux types de vaccins contre la poliomyélite :

  • Le vaccin poliomyélitique inactivé injectable (VPI) préparé à partir des trois types de virus poliomyélitique. Il est utilisé dans la plupart des pays industrialisés.

  • Le vaccin poliomyélitique oral (VPO) contenant les trois sérotypes de virus vivants atténués. Le VPO est encore largement utilisé dans le monde dans le cadre du programme d’éradication de la poliomyélite. Il n’est plus commercialisé en France.
    La primo vaccination par le vaccin VPI est obligatoire en France ainsi que les rappels jusqu’à l’âge de 13 ans.

Dispositif français de surveillance de la polio

Ce dispositif est basé sur la déclaration obligatoire de la poliomyélite, le réseau de surveillance des entérovirus et inclut une surveillance environnementale des eaux usées en Ile de France.

  • La poliomyélite est une maladie à déclaration obligatoire depuis 1936. Toute suspicion clinique ou détection en laboratoire de tout poliovirus (sauvage ou d’origine vaccinal) doit faire l’objet d’un signalement immédiat au médecin inspecteur de santé publique de la DDASS et d’une notification aux autorités sanitaires (fiche de notification téléchargeable sur le site Internet de l’Institut de veille sanitaire). Les souches doivent être adressées au CNR pour identification du virus et sérotypage.

  • Le réseau de surveillance des entérovirus (RSE) est coordonné sur le plan épidémiologique par l’InVS et sur le plan biologique par le Centre National de Référence des entérovirus (Lyon). Il s’agit d’un réseau de laboratoires de virologie qui recensent le nombre de recherches d’entérovirus effectuées (LCR, selles, rhino-pharynx, sang) et les caractéristiques des prélèvements positifs.

  • Une surveillance de la circulation des entérovirus dans les eaux usées et des stations d’épuration est menée en France par le laboratoire d’hygiène de la ville de Paris. Toutes les souches de poliovirus isolées sont adressées au CNR.
    Chez l’homme, le poliovirus sauvage n’a jamais été mis en évidence depuis 1995 en France (il s’agissait d’un cas importé). Des poliovirus vaccinaux sont mis en évidence de temps en temps dans les selles d’enfants vaccinés par le vaccin oral (dans les pays qui utilisent ce vaccin) ou dans l’environnement (eaux usées).



Extrait    Institut Pasteur
Poliomyélite          

La poliomyélite est une maladie très contagieuse provoquée par un virus (le poliovirus) qui envahit le système nerveux et qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles. Depuis les années 60 cette maladie peut être prévenue grâce à des vaccins efficaces. Un programme mondial visant à éradiquer la maladie par la vaccination a été lancé sous le contrôle de l’OMS.

Cause

Le virus de la poliomyélite fait partie de la famille des picornavirus comme les rhinovirus (agents du rhume), et appartient au genre des entérovirus. Les poliovirus se répartissent en 3 sérotypes (1, 2 et 3). Les virus de sérotype 1 sont les virus le plus souvent isolés dans les cas de paralysie.

Épidémiologie

Avant l’ère vaccinale, la poliomyélite était l’un des plus terribles fléaux de l’enfance. La poliomyélite touchait plus de 600 000 enfants par an dans le monde. Pour vaincre la maladie grâce à la vaccination, un effort a été décidé au niveau mondial en 1988 : l’Initiative Mondiale pour l’Eradication de la Poliomyélite a ainsi été lancée par l’OMS.

Une stratégie de lutte payante

La stratégie pour interrompre la transmission du poliovirus sauvage est basée tout d’abord sur la mise en place d’une couverture vaccinale de routine élevée chez le nourrisson (administration de quatre doses de vaccin antipoliomyélitique oral pendant la première année). De plus, des doses supplémentaires de vaccin antipoliomyélitique oral sont administrées à tous les enfants de moins de 5 ans au cours de journées nationales de vaccination (JNV). Quant à la surveillance de la poliomyélite, elle s’effectue grâce à un réseau de laboratoires qui recherchent les poliovirus chez tous les enfants de moins de 15 ans atteints de paralysie flasque aiguë (PFA), le symptôme qui caractérise la maladie.

L’incidence de la poliomyélite a ainsi diminué de plus de 99 % depuis 1988, passant de plus de 350 000 cas estimés à quelques centaines de cas (650 cas déclarés en 2011 et environ 250 cas en 2012). La maladie n’est plus considérée comme endémique que dans 3 pays: le Nigeria, l’Afghanistan et le Pakistan. En 1994, le continent américain (36 pays) a été certifié exempt de poliomyélite, suivi en 2000 par la Région du Pacifique occidental (37 pays et territoires, dont la Chine) et, en juin 2002, par l’Europe (51 pays).

Une maladie toujours présente

Alors que le nombre de cas de poliomyélite a considérablement diminué en Asie ces dernières années, la maladie persiste en Afrique subsaharienne, notamment au Nigéria. Des campagnes de vaccination d’une ampleur sans précédent sont organisées ces derniers temps afin de faire régresser l’épidémie et de stopper la circulation du virus. Cependant, suite à la disparition de la maladie, certains pays en voie de développement négligent de maintenir la couverture vaccinale à un niveau suffisant. L’on assiste alors à un retour de la poliomyélite à cause de virus sauvages importés des pays endémiques.

En outre, une faible couverture vaccinale est aussi à l’origine d’épidémies de poliomyélite d’un nouveau type qui ont été recensées dans une vingtaine de pays depuis 2000. Ces épidémies ont été causées, en majorité, par des virus recombinants entre souches de poliovirus vaccinal mutées et d’autres entérovirus, probablement des coxsackievirus. Les problèmes associés à une couverture vaccinale insuffisante tendent à retarder considérablement les échéances finales des campagnes de vaccination, à savoir la disparition des souches de poliovirus sauvage et, si toutefois cela s’avère possible, l’arrêt de la vaccination.

Lire la suite :  Fiches Institut Pasteur

Poliomyélite antérieure aiguë  •Contamination  •La maladie  •Examens  •Prévention  •Dispositif français de surveillance  •Cause  •Épidémiologie  •Une stratégie de lutte payante  •Lire la suite